



À la recherche d’un moyen de transposer une ligne fluide et fine dans le tissage de ma nouvelle tapisserie, j’ai exploré diverses techniques, entre autres, celles du driadi et du driadi inversé, mais ce n’était toujours pas l’effet recherché.
Voilà que je renoue avec une technique que j’utilisais dans les années 80 pour la série de tapisseries qui avait pour thème l’arbre. Celle-ci consiste à intégrer au tissage de la tapisserie le tissage aux doigts. Cette technique traditionnelle est utilisée au Québec pour le tissage des ceintures fléchées.
En utilisant un nombre de fils réduit, j’obtiens une ligne qui n’a pas de relief comme dans mes anciennes pièces, mais une ligne fluide et continue qui coure à la surface de la tapisserie. J’ai retrouvé sans peine le geste. Je souris de me voir à nouveau tisser aux doigts et joindre les fils au tissage de la tapisserie comme si je n’avais jamais cessé de le faire.
ailleurs!!!Au Québec, la pratique de la tapisserie haute lisse est relativement récente, elle ne fait pas partie de nos traditions. Mes connaissances de la tapisserie ont trait principalement aux pratiques occidentales. Mes bases techniques ont pour assises l’approche et la facture des Gobelins de Paris qui est essentiellement masculine.
Au fil de mes lectures sur le travail des femmes berbères, je découvre une symbolique, des rituels et une sensibilité se rattachant au tissage sur métier vertical qui sont bien plus anciens et qui appartiennent aux femmes. Cette découverte fait écho aux rapports sensible et intuitif que j’ai toujours eu envers cette forme d’expression, mon attachement aux gestes et mon rapport à la fibre. Des liens se font, malgré les contextes sociaux et culturels complètement différents, entre ma partique et le sens que j’accorde au travail lent de la lisse et l’oeuvre des femmes berbères.
Ce qui m’interpelle encore plus profondément c’est la découverte qu’intuitivement j’ai questionné et abordé de nombreuses symboliques anciennes sans en connaitre l’origine.
Je me conforte à savoir que le sens, le temps et les gestes inhérents au travail de la lisse fait par les femmes transcendent le temps et les cultures.
Mes trois dernières oeuvres miniatures seront en vente dans le cadre de l’exposition bénéfice BLEU pour le financement de Diagonale, centre des arts et des fibres du Québec.
«Mots noyées» «Mots glacés» et «Mots voilés»
La série de pièces miniatures intitulée «Mots» que je présente à cette exposition porte sur la condition de la femme. Elles sont les premières oeuvres issues des réflexions et des questionnements qui m’habitent depuis mon séjour prolongé au Maroc. Ces faux artéfacts nous renvoient à la couleur bleu en tant que couleur de l’immatériel. Ils représentent en quelque sorte les vestiges des paroles de toutes les femmes qui ont été et qui continuent d’être ignorées. Trop souvent les mots des femmes se noient, se glacent ou se voilent et disparaissent dans ce bleu intemporel et immatériel.
Diagonale diffuse le travail des artistes en arts visuels dont la pratique se démarque par l’utilisation de techniques ou concepts relevants du domaine des arts de la fibre.
83 artistes participent à cette exposition.
Le vernissage aura lieu le 5 décembre à compter de 12h Toutes les oeuvres sont à 100$ à l’exception des Coups de coeur qui seront vendus par encan silencieux.
C’est une occasion d’acquérir une oeuvre textile originale et, par la même occasion, de soutenir le Centre Diagonale et l’art actuel.
Diagonale est situé au 5455, avenue de Gaspé, espace 203, Montréal
Vous pouvez voir les oeuvres sur le site de Diagonale
This site is protected by wp-copyrightpro.com